L’importance de la Série
Vouloir jouer au sein d’une compétition c’est aussi se conformer à des règles communes auxquelles adhèrent tous les participants. De fait, les confrontations qui suivront ne définirons pas seulement qui sera le meilleur, mais plutôt qui sera le meilleur sous ces règles prédéfinies.
Le champion d’une discipline n’est donc pas intrinsèquement le meilleur compétiteur, mais plutôt celui qui aura le mieux réussi à s’inscrire dans les règles prédéfinies.
Dès lors, il devient facile de conclure qu’il existe un lien direct entre le fait de remporter un tournoi et la maîtrise des règles le régissant.
Mais alors, et si le génie des plus grands joueurs VGC ne se résumait qu'à une meilleure compréhension des enjeux et de l’influence des règles des différentes séries ? C’est ce que nous allons tenter de comprendre.
Les tournois officiels dans le cadre des Video Game Championships (VGC) proposent des confrontations en combat duo. Les joueurs disposent chacun d’une équipe de six créatures mais seulement quatre d’entre elles doivent être choisies pour partir au combat. C’est ce qu’on appelle un «Format».
Pour autant, les confrontations de ce format ne suivent pas toujours les mêmes règles et il est très important de bien se renseigner sur ces dernières avant de s’inscrire à une compétition.
Ces règles, que l’on nomme dans le jargon «Séries», s’appliquent durant une période donnée. Elles définissent aussi bien le niveau auquel vos Pokémon seront automatiquement ajustés le temps des combats (le plus souvent au niveau 50), la durée des combats, le temps que l’on vous laisse pour valider vos actions, les objets autorisés, mais aussi par exemple les Pokémon autorisés et ceux qui ne le sont pas. Les paramètres sont nombreux et tout compétiteur, pour éviter toutes déconvenues, se doit d’en prendre connaissance.
En effet, si les joueurs doivent prêter une attention toute particulière aux conditions imposées par la série en cours et/ou retenue pour le tournoi auquel ils souhaitent prendre part, c’est parce qu’elles peuvent entraîner de lourdes conséquences sur le jeu.
A titre d’exemple, les premières Séries qui suivent la sortie d’un jeu majeur n’autorisent très souvent que l’utilisation des Pokémon du Pokédex Régional. Une restriction visant à mettre en avant les créatures endémiques de la nouvelle région explorée.
Une Série impose des limites et donne un cadre à une compétition. Il faut dire qu’avec plus de neuf cents créatures, le choix peut vite s’avérer ardu.
Une fois le cadre de la Série défini, il convient de chercher quels Pokémon arriveront à tirer leur épingle du jeu sous ces règles. Les légendaires ou fabuleux sont-ils autorisés ? Pouvons-nous assigner plusieurs fois le même objet aux monstres de notre équipe ? La mécanique du Téracristal est-elle autorisée ? Autant de critères qui entrent en ligne de compte dans la construction de son équipe. Car si Groudon ou Kyogre ne sont pas présents pour poser automatiquement un climat, vers quelle option se tourner ? Cette option est-elle viable ? Dois-je donc revoir complètement ma construction d’équipe ou repartir sur une base existante ? Ou bien, je ne sais pas quoi jouer mais je souhaite à tout prix faire un résultat, quelle équipe utilisait ce grand champion que j’admire tant ?
Ces questions, si elles sont toutes légitimes, ne doivent pas occulter la plus importante de toutes : quels Pokémon mes adversaires utiliseront-ils ?
Cette première interrogation en entraîne bien entendu une autre : ai-je une réponse à apporter à ces menaces ?
Une erreur que font énormément de joueurs de Pokémon, c’est de construire une équipe sans prendre en ligne de compte les obstacles qu’ils seront amenés à rencontrer. Aligner des légendaires sans synergie et chercher à taper le plus fort possible.
Cela peut paraître évident mais lancer dès le premier tour un Pokémon qui tape sur le physique dans une Série où le talent Intimidation (qui baisse l'attaque des adversaires) est omniprésent n’est pas forcément conseillé. Du moins, pas sans un plan de jeu précis permettant de le placer de la sorte.
A contrario, bien lire la composition de l’adversaire et placer le contre parfait d’entrée de jeu peut nous garantir la victoire.
Il ne faut pas oublier qu’une partie VGC se déroule en double et peut se jouer très vite, parfois sur des détails. Bien analyser les menaces que l’on est susceptible de rencontrer nous permet de définir à la fois une riposte et un plan de jeu.
Une fois les menaces repérées, les quelques solutions apportées, il convient de donner un peu de personnalité à notre équipe. Parce qu’on ne va pas se le cacher, si l’on cherche la victoire on ne va pas jouer tout notre match sur des contres. Il faudra bien prendre l’initiative et sortir ses plus grosses cartouches à un moment donné. Ces dernières doivent arriver à se placer, solutionner une problématique et en apporter à l’adversaire.
A ce petit jeu du chat et de la souris, le placement est d’une importance capitale et jouer sur les immunités peut nous faire gagner des tours. Je pense notamment à l’antagonisme Normal/Spectre lorsque par exemple un Sylveroy - Cavalier de l’Effroi balance un Éclat Spectral (puissante attaque spectre qui touche les deux Pokémon d'en face). Peut-être est-ce le moment opportun pour placer ce Pokémon possédant le type Normal et connaissant une attaque Ténèbres ?
Bon, cela a l’air tout bête dit comme ça mais la réalité du combat peut vite nous rattraper et mettre toute notre stratégie à la corbeille. Parmi tout un panel d’options, on sera plutôt bien souvent amené à choisir la moins pénalisante.
A chaque nouvelle Série les cartes sont rebattues. Elle apporte avec elle ses menaces et problématiques qu’il nous faut apprendre à dompter. C’est ce qui fait la richesse du jeu et nous pousse à toujours nous dépasser.
Participer et mal interpréter les règles des différentes séries, c’est comme réaliser un hors sujet lors d’un examen.
Alors bien sûr, nous pourrions aussi attendre la fin de cette dernière pour voir les premières Big 5 et/ou Big 6 (combinaison de 5 ou 6 Pokémon récurrents au sein des équipes les mieux classées) apparaître et les recopier sans autre forme de procès. Une méthode efficace qui donne de rapides résultats. Mais monter une équipe qui n’est pas la nôtre dont on ne maîtrise pas la dynamique, qui plus est dans la précipitation, nous poussera à rester dans la réaction plus que dans l’action et nous laissera fatalement à la traîne derrière les autres nations.